Extraits et citations :
“La femme la plus ignorante intériorise et vit dans son inconscient, dès la puberté, parfois même plus tôt, tous les jugements que les mâles ont portés sur elle à travers les siècles. C'est ce qui lui donne son comportement, sa mentalité d'accusée. Elle est accusée devant l'homme, comme celui-ci, naguère, devant Dieu. Et la femme la plus ignorante regarde autour d'elle avec crainte, se cherche des excuses, respire en prévenue perpétuelle. Pas besoin d'avoir lu Tertullien ni Nietzsche. Une femme doit se justifier à chaque instant de sa vie. C'est ce qui lui fait chercher si passionnément la beauté, l'amour, le mystère, les enfants, non comme des biens aussi naturellement désirables que la puissance ou la possession à l'homme, mais comme autant d'alibis, de bons points, de témoignages favorables à la défense. [...] La femme qui aime doit se faire tout pardonner.”
“Je suis vraiment navrée si "cette parole est trop dure", comme disaient les Disciples. Qui puis-je ? Je suis née dans cette culture mâle, comme tout le monde ; je l'ai assimilée, je l'ai respectée, je l'ai parfois aimée ; me révolter contre elle est plus déchirant qu'on peut le croire, car c'est me révolter contre toute une partie de moi. Que ceux qui ont fait cette culture et me l'ont enseignée soient mes ennemis en tant qu'oppresseurs, participent au malheur qui écrase toute femme en tant que femme, ce n'est pas une vérité que je crie avec triomphe, c'est une constatation que je formule dans la douleur er la consternation. Cette parole "trop dure", elle n'en est pas moins vraie, brutalement vraie, jusqu'au drame.”
“Là encore, il n'y a qu'un féminisme occidental pour penser le refus de la maternité comme une libération pour toutes. L'appel à la grève des ventres place le refus d'enfant comme curseur féministe de libération, ce qui est très problématique quand on sait l'histoire coloniale de la pilule, les politiques de stérilisation massives et la dévaluation des maternités non blanches.”
Quatrième de couverture :
En faisant du capitalisme patriarcal le dénominateur commun de l’oppression des femmes et de l’exploitation de la planète, Françoise d’Eaubonne offre de nouvelles perspectives au mouvement féministe et à la lutte écologiste. Pour empêcher l’assassinat généralisé du vivant, il n’y a aucune alternative sinon l’écoféminisme.
C’est le féminisme ou la mort.
Longtemps inaccessible, ce texte devenu référence est introduit par deux chercheuses et militantes. À l’aune de leurs engagements et d’une lecture croisée de ce manifeste visionnaire, Myriam Bahaffou et Julie Gorecki soulignent les ambiguïtés de ce courant en pleine résurgence et nous proposent des pistes pour bâtir un écoféminisme résolument radical, intersectionnel et décolonial.
Contexte :
Structure :
Analyse :
A propos de l’autrice Françoise d’Eaubonne :
“Françoise d’Eaubonne est une femme de lettres française, romancière, philosophe, essayiste et biographe, militante féministe libertaire et écoféministe.
Elle milite activement contre la guerre d'Algérie et en septembre 1960, signe le Manifeste des 121, aussi appelé « Déclaration sur le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie ». Cofondatrice du Mouvement de libération des femmes (MLF) tout à la fin des années 1960, signataire du Manifeste des 343 pour le droit à l'avortement, elle lance le Front homosexuel d'action révolutionnaire (FHAR) avec l'écrivain et journaliste Guy Hocquenghem et Anne-Marie Grélois en 1971 alors qu'elle est secrétaire de rédaction au Fléau social. Au sein du MLF, elle anime également le groupe « Écologie et féminisme ». À l'origine du mot « phallocrate » et du terme « écoféminisme » en 1974, elle fonde l'association Écologie-Féminisme en 1978. Cette vie littéraire et militante se croise avec celles de Violette Leduc, Nathalie Sarraute, Colette, Jean Cocteau, Simone de Beauvoir, dont elle fut une amie très proche, de Jean-Paul Sartre.
Elle est l'une des premières penseuses à avoir articulé, dans les années 1973-1974, le lien théorique et politique entre écologie et féminisme « en faisant le postulat que les hommes — le patriarcat — ont fait à la fois main basse sur le ventre des femmes et sur les ressources naturelles ». Elle crée alors le mot « écoféminisme », qu'elle définit comme un nouvel humanisme dont l'objectif n'est pas la prise de pouvoir par les femmes, mais « la gestion égalitaire d'un monde à renaître ». En 1975, elle participe aux activités du commando Ulrike-Meinhof-Puig-Antich en endommageant par deux charges explosives le réacteur en construction de la centrale nucléaire de Fessenheim provoquant le retard de plusieurs mois du chantier.” Wikipédia
Sources :
Pour aller plus loin :
Le guide thématique : Penser l’écoféminisme : protection des territoires et utopies politiques
Autres livres de Françoise d’Eaubonne :
Les femmes avant le patriarcat, 1976