Extraits et citations :

“Le fait de vivre ou d’avoir grandi dans des sociétés où la liberté sexuelle n’existe pas fait du sexe un objet d’obsession permanent.”

“Si l’on écoute les plus conservateurs, soucieux de défendre une identité marocaine qui tient du mythe plus que de la réalité, le Maroc est un pays sage et vertueux qui doit se protéger de la décadence occidentale et du libéralisme de ses élites. Au Maroc, l’interdiction de la « fornication », ou zina,  n’est pas seulement une injonction morale. L’article 490 du Code pénal prévoit « l’emprisonnement d’un mois à un an [pour] toutes personnes de sexe différent qui, n’étant pas unies par les liens du mariage, ont entre elles des relations sexuelles » . Selon l’article 489, toute « conduite tendancieuse ou contre nature entre deux personnes du même sexe est punie de six mois à trois ans de prison ». Dans un pays où l’avortement est illégal sauf en cas de viol, de malformations graves ou d’inceste et où « toute personne mariée convaincue d’adultère » risque un à deux ans de prison (article 491 du Code pénal) se jouent chaque jour des situations dramatiques. On ne les voit pas, on ne les entend pas et pourtant des tragédies intimes rongent les citoyens qui ont pour certains le sentiment de vivre dans une société hypocrite, qui les juge et les rejette.”

Quatrième de couverture :

SEXE ET MENSONGES, c'est la parole, forte et sincère, d'une jeunesse marocaine bâillonnée dans un monde arabe où le sexe se consomme pourtant comme une marchandise.

Les femmes que Leila Slimani a rencontrées lui ont confié sans fard ni tabou leur vie sexuelle, entre soumission et transgression. Car au Maroc, la loi punit et proscrit toute forme de relations sexuelles hors mariage, tout comme l'homosexualité et la prostitution.

Dans cette société fondée sur l'hypocrisie, la jeune fille et la femme n'ont qu'une alternative : vierge ou épouse.

SEXE ET MENSONGES est une confrontation essentielle avec les démons intimes du Maroc et un appel vibrant à la liberté universelle d'être, d'aimer et de désirer.

Leïla Slimani est l'auteure de deux romans plébiscités par la critique et les lecteurs : Dans le jardin de l'ogre, traduit dans une dizaine de langues et Chanson douce, chez Gallimard, prix Goncourt 2016, immense succès traduit dans une trentaine de langues.

Contexte :

Structure :

Analyse :

“Dans Sexe et mensonges, Slimani revient sur Adèle, personnage de son premier roman, et à partir de l’histoire de cette femme « rongée par les remords et par sa propre hypocrisie », elle réexamine le concept de h’chouma (la honte), la notion de dépendance au groupe et les transgressions des « frontières sacrées ». Son livre n’est pas une étude sociologique, mais une livraison de mots bruts, « cette parole vibrante et intense, ces histoires qui m’ont bouleversée, émue, qui m’ont mise en colère et parfois révoltée ». Je choisis ici quelques éléments parmi les propos de ces femmes qui racontent leur quotidien fait de confusion et d’angoisse : les enfants abandonnés sans identité ni généalogie, l’application des lois musulmanes quel que soit le « rapport intime à la religion », l’obsession de la virginité, la virginité comme outil de coercition imposant la reconstitution d’hymens et la commercialisation de faux hymens censés saigner — car, comme le dit Slimani, « la misère sexuelle est un capitalisme comme un autre ». Dans le même ordre d’idées, ces femmes dénoncent le débat sur l’avortement qui se limite au seul angle sanitaire « pour occulter complètement la question de la liberté sexuelle et de leur droit à disposer de leur corps », sous couvert du « respect de la loi islamique ».” (Epsztajn, 2018)

A propos de l’autrice Leïla Slimani :

Sources :

Pour aller plus loin :

Epsztajn, D. (2018). Leila Slimani : Sexe et mensonges. La vie sexuelle au MarocNouvelles Questions Féministes, 37, 119-122.