Extraits et citations :

"Et pourtant. Si elles déplorent le fait d’être moins regardées, invisibilisées, mises de côté, beaucoup des femmes de plus de 50 ans rencontrées pour l’écriture de ce livre se réjouissent également d’être plus libres. Plus heureuses. Elles se connaissent mieux, font état de certitudes plus solides, ne regrettent rien du vacillement de leurs vingt ans. Certains hommes les ignorent désormais en raison de leur âge, mais bien souvent, elles sont plus sûres de leurs désirs et de leurs corps. Elles ont les deux pieds bien ancrés, permettant à leur esprit de naviguer avec plus de fougue encore. Et si ces constats à première vue contradictoires étaient les deux faces d’une même pièce ? Et si l’invisibilité et la mise de côté des femmes mûres étaient, en vérité, la conséquence de cette liberté ? Mais qui donc a peur des vieilles? J’utilise ici ce mot, vieilles, avec une once de provocation, jouant volontairement avec les clichés pour désigner toutes celles qui, approchant la ménopause ou la dépassant, prennent conscience avec plus ou moins de légèreté du double standard décrit par Susan Sontag. Quelle est la source de cette peur? Leur liberté est-elle réelle ou fantasmée ? Comment l’atteindre ? Pourquoi est-elle encore si dénigrée lorsqu’elle s’exprime ? Pour quelle raison, à un moment donné, les fillettes cessent-elles d’aspirer à devenir comme leurs grands-mères en grandissant, soudain angoissées devant les rides? Pour le comprendre, je me suis plongée dans les livres et témoignages – de moins en moins rares – abordant l’avancée en âge des femmes sous les angles sociologique, cinématographique, biologique, littéraire, culturel. J’ai rencontré des écrivaines, des comédiennes, des chercheuses, des psychologues, des médecins, des sportives. J’ai surtout échangé avec des femmes (et des hommes) de toute la France. De ces entretiens, le plus frappant est sans doute le décalage entre les stéréotypes sur les femmes ménopausées et la réalité de ce qu’elles vivent et sont. Comme si l’image sociale et les préjugés avaient toujours un cran de retard sur les faits. Comme si nous vivions un moment de basculement, avec toutes les ambiguïtés, contradictions et possibles retours en arrière que cela implique. À l’ère post #MeToo, à l’heure où jamais l’on n’a autant parlé du corps féminin, la question de l’âge, prochaine frontière, commence à percer dans le débat. Les tabous tombent doucement. Ils sont encore nombreux. Or, c’est une conviction: la place des femmes, quels que soit leur âge et leurs rides, est l’affaire de tous. «La vieillesse permet une interrogation en retour sur les normes et les valeurs des sociétés », écrit la sociologue Rose-Marie Lagrave

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Quatrième de couverture :

"Alors que notre société vieillit, nous avons un problème avec les vieux en général et les vieilles en particulier, soumises à une double injonction contradictoire : être authentiques et naturelles, mais rester minces et jolies. Si elles sont moins regardées, invisibilisées, mises de côté passé un certain âge, de nombreuses vieilles se découvrent en contrepartie une liberté nouvelle. Est-ce cette émancipation qui nous rend parfois méfiants vis-à-vis d'elles ? Pourquoi la peur de vieillir est-elle toujours d'actualité ? Mêlant témoignages, analyses historiques et sociologiques, références culturelles et réflexions de l’autrice sur son propre rapport à la vieillesse, Qui a peur des vieilles ? apporte un regard rafraîchissant sur une question politique toujours tabou et démonte les stéréotypes sur les femmes ménopausées."

Contexte :

Structure :

Analyse :

A propos de l’autrice Marie Charrel :

Marie Charrel est une journaliste française au journal Le Monde.

Sources :

Pour aller plus loin :