Extraits et citations :
“Tueuses, ogresses, sorcières, pédophiles, hystériques, criminelles, délinquantes, furies, terroristes, kamikazes, cheffes de gang, lécheuses de guillotine, soldates, policières, diablesses, révolutionnaires, harpies, émeutières, pétroleuses, viragos, guerrières, Amazones, boxeuses, génocidaires, maricides… Qu'y a-t-il de commun entre toutes ces figures ? Pour le comprendre, il importe de sortir de ce double mouvement, en apparence paradoxal, qui, d'un côté, fait de la violence du sexe faible un tabou, passant sous silence des pratiques pourtant récurrentes, ou qui, de l'autre, hypertrophie cette violence pour en stigmatiser la démesure. Dans les deux cas, il s'agit de produire et de reproduire de la différence des sexes.
Est-il possible de penser la violence des femmes comme un levier qui renverse ces catégories binaires ? Exhumer, dénaturaliser, contextualiser, historiciser, repolitiser la violence des femmes, tel est l'objet de ce livre.
Penser la violence des femmes, c'est se heurter au cumul de deux obstacles épistémologiques : celui de la définition de la violence, d'une part, et celui de la sexuation implicite du phénomène, d'autre part.
La violence, en tant que telle, passe de fait pour indéfinissable. Elle n'appartient pas aux notions sociologiques estampillées par les fondateurs de la discipline [Lenclud et al., 1984] : Weber et Durkheim parlent de « contrainte », de « domination ».”
Quatrième de couverture :
"Tueuses, ogresses, sorcières, pédophiles, hystériques, criminelles, délinquantes, furies, terroristes, kamikazes, cheffes de gang, lécheuses de guillotine, soldates, policières, diablesses, révolutionnaires, harpies, émeutières, pétroleuses, viragos, guerrières, Amazones, boxeuses, génocidaires, maricides... Qu'y a-t-il de commun entre toutes ces figures ? Pour le comprendre, il importe d'exhumer, de dénaturaliser, d'historiciser et de politiser la violence des femmes. Telle est l'ambition de cet ouvrage qui propose une approche pluridisciplinaire sur un sujet trop longtemps ignoré des sciences sociales. Cette somme inédite, réunissant des études historiques, anthropologiques, sociologiques, linguistiques et littéraires, révèle combien la violence des femmes est au cœur d'enjeux d'ordre à la fois politique et épistémologique. Penser la violence des femmes, c'est en faire un véritable levier pour considérer autrement la différence des sexes, la violence et, par-delà, l'ordre social."
Contexte: Ce livre est issu de la thèse de Geneviève Pruvost L'accès des femmes à la violence légale. La féminisation de la police (1935-2005), soutenue à l'Ecole des hautes études en sciences sociales en 2005. Elle travaille actuellement à une comparaison avec la féminisation d'autres métiers d'arme.
Structure :
Préface - Arlette Farge
Introduction générale - Penser la violence des femmes : enjeux politiques et épistémologiques - Coline Cardi, Geneviève Pruvost
Première partie : Violences politiques
Introduction - Dominique Godineau
Chapitre 1. Femmes en armes au XVIème siècle - Nicole Dufournaud
Chapitre 2. Des émeutières passées sous silence ? L'invisibilisation de la violence des femmes au prisme du genre (Paris, 1775) - Clara Chevalier
Chapitre 3. De la violence des femmes pendant la période révolutionnaire : un paradoxe persistant - Jean-Clément Martin
Chapitre 4. Des communardes sur les barricades - Quentin Deluermoz