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“Émergeant d’un trop long sommeil, les habitant·es de l’Île de la Tortue (Amérique du Nord) font désormais le lien entre leur propre oppression et celle du peuple palestinien. M’exprimant moi-même en tant que Palestinienne de la diaspora vivant sur l’Île de la Tortue, je constate une reconnaissance croissante de l’interdépendance de nos luttes: les citoyen·nes des États-Unis comprennent que leur gouvernement transfère à Israël des milliards de dollars de leurs impôts, qui pourraient être utilisés pour rénover les écoles publiques délabrées, créer une assurance maladie et des logements sociaux pour les personnes dans le besoin, ou annuler les dettes d’études qui écrasent les jeunes. Nous savons que la police hypermilitarisée des villes des États-Unis a été formée par la police israélienne, les soldats de l’occupation israélienne et le Shin Bet, le service de renseignement intérieur d’Israël.”

“La Palestine sera libérée par ses militantes féministes, qui comprennent qu’il ne peut y avoir de patrie libre sans femmes et personnes queers libres.

Ces communautés marginalisées n’ont jamais été représentées dans les institutions. Elles ont dû créer des systèmes de rechange pour l’autonomisation collective, des ateliers d’éducation populaire et des groupes d’entraide. Ce sont nos modèles, et le moment est venu de développer les systèmes qui favorisent la vie qu’elles ont imaginée et conçue.”

“Des personnes occidentales de bonne volonté demandent souvent aux femmes et personnes queers palestiniennes qui vivent en Palestine comment elles parviennent à mener une vie pleine et enrichissante dans une société conservatrice. Quant à nous, femmes et personnes queers de la diaspora en Occident, on nous demande de confirmer notre privilège de vivre dans ces sociétés «modernes» où nous pouvons nous habiller et nous déplacer comme nous le voulons. Ces questions sont malavisées. On devrait plutôt nous interroger sur notre détermination, sur la façon dont nous continuons à vivre, à aimer et à prendre soin dans une société soumise à un brutal système d’apartheid visant à effacer notre histoire et notre existence même. On devrait nous demander comment nous persistons à vivre, malgré le règne d’un pays ethnosuprémaciste qui nous considère comme une «menace démographique», simplement parce que nous sommes qui nous sommes. On devrait nous demander comment notre jeunesse conserve son désir d’être libre, lorsque des soldats et tireurs d’élite de l’armée israélienne ayant la gâchette facile sont sommés de tuer des enfants non armés.”

“Néanmoins, à en croire le discours dominant en Occident, soit les femmes et les personnes queers palestiniennes n’existent pas, soit elles sont opprimées par le «fondamentalisme islamique». La violence d’Israël, quant à elle, est peu reconnue, même si elle est en grande partie genrée.

La tentative du féminisme blanc occidental d’effacer le contexte politique de l’oppression des femmes palestiniennes était évidente lors de la marche des femmes sur Washington de 2017, quand des féministes libérales se sont opposées à la présence de l’organisatrice communautaire américano-palestinienne Linda Sarsour.”

Quatrième de couverture :

Pourquoi de nombreuses féministes du Nord global, si promptes à dénoncer l'impact du « fondamentalisme islamique » sur les femmes palestiniennes, restent-elles silencieuses quand il s'agit de décrier l'occupation et le génocide que perpétue l'État israélien en Palestine ? La professeure et activiste palestinienne Nada Elia met en lumière ces liens complices de féministes avec le sionisme, rappelle la place des femmes et des personnes LGBTQ+ dans la lutte de libération de la Palestine et en appelle au démantèlement des structures coloniales qui écrase l’ensemble de la population à Gaza et en Cisjordanie. Oui, la Palestine est plus que jamais un enjeu féministe.

Contexte :

Structure :

Analyse :

A propos de l’auteur.ice :

Nada Elia est une professeure et activiste palestinienne.

Palestinienne de la diaspora née en Irak, Nada Elia vit aux États-Unis, où elle enseigne les études culturelles et arabo-américaines au Fairheaven College de l’Université Western Washington. Elle est notamment l’autrice de Greater than the Sum of Our Parts : Feminism, Inter/ Nationalism, and Palestine (Pluto Press, 2023).