Extraits et citations :

“Une source non plus seulement de jouissance, mais de fécondité. Un garçon qui ne voyait pas en moi un coup, mais un corps, non pas une énième fille à matcher, mais une femme d’où pouvait naître la vie. Jusqu’alors, je jouais deux rôles, tout aussi désincarnés : l’étudiante et l’amante. Je me divisais en deux parties, l’une cérébrale, l’autre sexuelle, où la chair, au fond, n’avait guère de place. Pour pouvoir jouir en paix, j’avais dû domestiquer mon corps à coups d’hormones, en confier la gestion à des gynécologues. Pour être crédible, je devais penser sans mes ovaires, réfléchir comme un homme dans un monde d’hommes. Revendiquer une pensée féminine, c’était tout juste bon pour les pages psycho du magazine Elle. Les philosophes que j’étudiais se préoccupaient peu du corps féminin. La maternité leur semblait un problème de bonnes femmes, qui ne valait pas la peine qu’on le questionne. Mon corps n’était pas objet de pensée, et sa fécondité n’était qu’un obstacle au désir.

Quand j’ai rencontré mon futur mari, j’ai su que je ne pourrai vivre toute ma vie une telle schizophrénie. Il me fallait réunifier ce que j’avais artificiellement cloisonné. Abattre les murs chimiques et psychologiques que j’avais dressés à l’intérieur de moi. Un combat du quotidien. Ainsi, cesser d’imposer à mon corps une contraception hormonale, c’était décider de réconcilier mon plaisir et mon sexe. Écrire ce livre, c’était relier ma tête à mon utérus. Penser la chair, vivre la chair, cesser de la mépriser comme un tas de glaires, indignes de la philosophie, de moi, tout juste bonnes à être domptées par des médicaments. Dans la foulée, je me suis mariée, et j’ai conçu mon fils aîné.”

“La technique n’est pas neutre

La technique n’est pas un instrument anecdotique, insignifiant en lui-même, mais la pièce maîtresse d’un système qui conditionne d’avance les choix et les comportements individuels. J’appelle « système » un ensemble de phénomènes interdépendants, structurant une organisation sociale de telle manière que l’individu n’a le choix qu’entre les différentes options de ce modèle unique. Ainsi, dans une société numérique, Internet n’est pas qu’un outil : il façonne nos pratiques ; et même ceux qui choisissent de s’en passer doivent se positionner face à lui, justifier leur décision, la penser comme un renoncement ou une privation.”

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Quatrième de couverture :

Et si les grandes victoires du féminisme renforçaient la domination masculine ?

C'est en entendant les femmes témoigner de leur vécu que Marianne Durano a pris conscience de la nécessité d'un nouveau féminisme. Un féminisme qui prendrait soin de leur corps avec la même urgence que celle que l'on accorde à la protection de notre environnement. Pourquoi le corps féminin, maternel et la grossesse, par exemple, sont-ils oubliés, niés, bannis de l'émancipation des femmes ?

Marianne Durano témoigne de son expérience personnelle de mère et de philosophe et bat en brèche le discours dominant. Une vision désincarnée de la liberté. L'auteure en appelle à une reprise en mains du corps des femmes par les femmes.

Pour une véritable révolution.

Contexte :

Structure :

Analyse :

A propos de l’autrice Marianne Durano :

Sources :

Pour aller plus loin :