Extraits et citations :
“La relation médecin-patient est un échange entre le sachant, celui qui doit vous soigner ou vous guérir, et l’apprenant, celui qui est malade. De fait, le médecin possède un ascendant sur sa patientèle par son savoir et son pouvoir. Ses décisions sont lourdes de conséquences et peuvent sauver des vies. Les relations homme-femme, quant à elles, sont encore largement dominées par une culture patriarcale et une vision misogyne de la connaissance et de la maîtrise de soi. L’homme a davantage accès aux postes à responsabilités, au savoir académique, au prestige.
Tous les corps de métier sont concernés. Et il en est un à qui chacune a dû faire face au moins une fois dans sa vie, qui régit nos quotidiens, nos habitudes et nos visions de nous-mêmes : la médecine. Toutes, et nous disons bien toutes, nos amies ou membres de notre famille ont déjà été confrontées à des violences misogynes de la part d’au moins un membre du corps médical. Et nous considérons qu’elles sont plus graves que n’importe quelles violences professionnelles, puisqu’elles affectent directement notre santé physique et psychique. Le savoir médical est en effet toujours empreint de sexisme, dont les expériences à la Salpêtrière ont pu témoigner par le passé, dont le traitement des femmes souffrant d’endométriose, par exemple, peut encore témoigner aujourd’hui. La relation médecin-patiente revêt donc un caractère doublement inégalitaire : celui qui se trouve en position de supérieur hiérarchique est aussi dominant dans la sphère de l’intime et du symbolique. Dès lors, les femmes ne sont pas des patients comme les autres.”
“Moi, Maud, j’ai commencé à me questionner sur l’égalité femmes-hommes devant la médecine en réfléchissant à ma contraception. Comme la majorité des femmes cisgenres en France, je suis protégée d’une grossesse non désirée depuis la fin de mon adolescence. Depuis le début de ma vie sexuelle, j’ai connu trois pilules contraceptives et un stérilet. Dès dix-sept ans, j’ai pris une pilule de deuxième génération. Puis, à vingt-cinq ans, après des maux de tête à répétition et deux migraines ophtalmiques – des contre-indications –, j’ai dû en changer et opter pour une pilule progestative. Là, catastrophe. Mon acné se réveille, plus féroce que jamais. Je me sens laide et la dépression reprend le dessus. Trois solutions restent à ma portée : le stérilet au cuivre (donc sans hormones), le préservatif ou l’abstinence totale. Bien entendu, la troisième option est inenvisageable, et la capote n’est pas une solution sur le long terme. Je me fais alors poser un stérilet.”
Quatrième de couverture :
Une enquête coup de poing sur les biais de genre qui pèsent sur la santé des femmes, depuis la consultation jusqu'aux diagnostics et traitements.
Pourquoi les douleurs des femmes peinent elles à être entendues et prises en compte par le corps médical ? Pourquoi les infarctus du myocarde sont-ils plus tardivement détectés chez les femmes que chez les hommes ? Pourquoi, lorsqu'un couple souffre d'infertilité, est-ce presque toujours prioritairement la femme qui est considérée comme responsable et soumise à des batteries de tests ?
Les journalistes Maud Le Rest et Eva Tapiero ont recueilli les témoignages de femmes confrontées aux méfaits d'une médecine encore largement patriarcale. Errances de diagnostics, maladies méconnues ou symptômes propres au corps féminin (endométriose, vestibulite), accouchements traumatiques... autant de situations et de souffrances auxquelles le personnel soignant ne trouve à répondre que : " C'est normal d'avoir mal, faites un effort, madame ", renvoyant souvent les douleurs des patientes à des dimensions psychologiques. Alliant des paroles fortes et des études chiffrées qui viennent démontrer le caractère systémique des violences médicales, les autrices dressent un panorama alarmant des biais de genre qui pèsent sur la santé des femmes – aux conséquences désastreuses – et proposent des pistes de réflexion pour y remédier. Une enquête coup de poing sur des pratiques discriminantes qu'il est urgent de dénoncer.
Contexte :
Structure :
Introduction
I - De la douleur à la souffrance
1 - Ces maux qu'on n'entend pas
« Toutes les femmes ont mal pendant leurs règles » / « Les patientes perçues comme femmes ont plus de risques de se voir conseiller une psychothérapie »
2 - Endométriose, cachez ce sang que je ne saurais voir
« Il faut arrêter ce cercle vicieux de la négation de la maladie » / « J'ai senti comme un désintérêt pour mon cas » / « Je ne peux pas avoir une vie sexuelle normale » / « Soigner, c'est d'abord une question d'attitude » / « Ça a un impact très négatif sur ma capacité à avoir des enfants » / « Ça a été encore plus compliqué quand il n'y avait plus de symptômes apparents »
3 - Vestibulite, la grande inconnue
« Je passais le plus clair de mon temps allongée chez moi en train de pleurer » / « Personne ne me croyait » / Le regard de la spécialiste : « Elles ont cette douleur tout le temps, elles ont appris à vivre avec elle »
II - Le masculin neutre
1 - Le cœur des femmes