Extraits et citations :

« Il me semble que décrire et prendre acte des violences, de leurs spécificités, des effets qu’elles produisent et des conséquences qu’elles entraînent, est un premier pas vers la paix et la démocratie. (…) Décrire et dire la violence est un pas vers la paix. »

“L’incesteur cherche du plaisir sexuel et, en homme autonome, va le chercher là où il peut le trouver, là où c’est facile, pas cher, et sans nécessité d’opérations de séductions (…). L’incesteur se sert.” (p. 71)

« Le droit n’est pas neutre, et les délais de prescription des dépôts de plainte, l’administration de la preuve, ainsi que le quantum des peines infligées, sont indexés à une conception masculiniste de la sexualité, de la personne et de la famille. » (p. 227)

« L’inceste survient dans un contexte où il est déjà là. (…) La grande surprise, c’est d’avoir découvert que l’inceste, et les relations érotisées, les relations d’évitement, de dégoût, l’aveuglement sur les pratiques incestueuses, la surdité familiale, s’apprennent par mimétisme au sein de la famille. »

« Dans la perspective de composer un texte émancipé des modèles masculins, classiques et légitimes, on n’hésitera pas, dans ce livre, à se référer à des voix inhabituelles en sciences sociales, et à tirer l’écriture vers une langue du quotidien et du domestique, l’espace de l’inceste » (p. 17)

« Que ce soit « sympathique » ou atroce, être utilisé comme objet sexuel d’un parent plus âgé, même pour un frère de deux ans plus âgé, devoir se taire sur les épisodes sexuels, mentir autour de soi sur ce qu’on a fait de sa journée, comporte le même contenu pédagogique et construit l’enfant sur le motif du secret et de l’érotisation de la domination » (p. 121)

« L’incesteur a, dans 30% des cas selon les enquêtes statistiques (...), lui-même vécu des relations sexuelles incestueuses précoces » (p. 115)

« L’intériorisation des abus sexuels et du silence qui les entoure pour les incestés, l’impact suffisamment fort de l’inceste sur les incestés pour que ceux-ci en donnent à voir les effets aux autres enfants (...) participent d’une description complète des processus de fabrication des dominateurs et des dominés » (pp. 255-256)

Quatrième de couverture :

Tous les jours, près de chez vous, un bon père de famille couche avec sa petite fille de neuf ans. Ou parfois elle lui fait juste une petite fellation. Ou c'est une grande sœur avec sa petite sœur. Dans cette anthropologie de l'inceste, Dorothée Dussy se penche sur les mécanismes complexes par lesquels l'inceste est couramment pratiqué dans l'intimité des foyers français.

À la faveur du réel, et de la banalité des abus sexuels commis sur les enfants, l'inceste se révèle structurant de l'ordre social. Il y apparaît comme un outil de formation à l'exploitation et à la domination de genre et de classe. Cinq ans d'enquête ethnographique sont restitués dans ce livre : un voyage subversif au cœur de familles que rien, ou presque, ne distingue des vôtres.

Préface de Charlotte Pudlowski

Contexte :

Dorothée Dussy restitue ainsi cinq ans d’enquête ethnographique menée auprès d’enfants incestés devenus adultes, et leur famille. Elle s’appuyant notamment sur une série d’entretiens réalisés en prison auprès d’hommes condamnés pour viol sur des enfants de leur famille. En France, les enquêtes quantitatives évaluent à au moins 5% le nombre de victimes d’inceste, soit plus de 3 millions de personnes (p. 30). Dussy traite de l’ensemble des configurations possibles : les incestes parentaux sur les enfants des deux sexes, entre frère et soeur, entre cousines, etc.

Structure :