Extraits et citations :

Quatrième de couverture :

« En ce moment, je vois les mecs qui travaillent aux travaux, ils se font harceler par les femmes, elles les bousculent et c'est aussi trash que les bonhommes. En plus, il y en a un qui est joli garçon, elles sont là : je vais me le faire… »

« Cette surveillante, je lui disais tout. Elle amenait ses baskets, on faisait la course dans le couloir, on attendait que tout le monde soit enfermé. Ou elle me mettait sur le charriot et elle me poussait ! »

« Y en avait une qui me passait des petits mots sous la porte le soir, une Anglaise : I love you Madame L. Alors à chaque fois je lui disais : non Margaret, non. »

Pendant deux ans, la sociologue Myriam Joël a recueilli les confidences de 80 détenues et 70 professionnels et bénévoles officiant en détention féminine. Son enquête rapporte une parole étonnamment libre sur un sujet frappé d'illégitimité et ignoré des sciences sociales : la sexualité en prison de femmes.

Ouvrant la perspective bien au-delà de son objet, tour à tour émouvant, drôle, dérangeant, l'ouvrage montre que l’univers carcéral n’a rien d’un isolat spatial et temporel. Comme à l’extérieur de la prison, la sexualité s’y révèle tout à la fois clandestine, invisible, ostensible et rationalisée. Les détenues y sont soumises aux mêmes injonctions contradictoires que les femmes du monde dit libre : s’affranchir de la domination/violence masculine tout en se conformant strictement aux normes de genre."

Contexte :

Ce livre est issu d’une thèse de sociologie réalisée entre 2007 et 2012, sous la direction scientifique de Philippe Combessie. Les résultats présentés dans cet ouvrage sont le fruit d’une enquête longitudinale qualitative menée pendant deux ans auprès de plus de cent cinquante acteurs carcéraux (femmes détenues, professionnels et bénévoles), sur un sujet dont l’intérêt est crucial pour la raison même qu’il est resté jusqu’à présent un « non-objet » des sciences sociales, un objet illégitime.

Il existe un flou juridique autour de la sexualité carcéral.

« Constitue une faute au deuxième degré, le fait d’imposer à la vue d’autrui des actes obscènes ou susceptibles d’offenser la pudeur. » (Article D249-2-5 du Code de procédure pénale)

L’article 20 du décret du 30 décembre 2010 stipule que « le personnel de l’administration pénitentiaire ne peut entretenir sciemment avec des personnes placées ou ayant été placées par décision de justice sous l’autorité ou le contrôle de l’établissement ou du service dont il relève, ainsi qu’avec leurs parents ou amis, de relations qui ne seraient pas justifiées par les nécessités du service » mais l’interdit portant sur les relations intimes entre personnes détenues et agents pénitentiaires relève également et avant tout de règles déontologiques.

Structure :

Introduction

Désunifier le temps et l'espace

Postures de recherche et définitions

Première partie : Une sexualité clandestine