Extraits et citations :

“Bien que le terme de masculinisme soit parfois réservé aux militants des « droits des pères » et que la plupart des mouvements qui en partagent les revendications se refusent à l’endosser, je l’emploierai ici pour désigner tout groupe organisé autour de la défense de la « cause des hommes » dans une confrontation / rivalité avec le féminisme et les femmes. En cela, le masculinisme diffère de l’antiféminisme car, si toute pensée masculiniste est conséquemment antiféministe, l’antifémisme n’est pas toujours masculiniste. Ancré dans la pensée ordinaire, l’antiféminisme n’induit pas nécessairement une posture réflexive vis-à-vis de la masculinité et ceux qui affichent une aversion à l’égard du féminisme (par conservatisme politique, conviction religieuse, misogynie, machisme ou autre) n’envisagent pas forcément les hommes comme une catégorie opprimée par les femmes. Le masculinisme a ainsi pour particularité de constituer les hommes en groupe social spécifique, dont les intérêts sont opposés à ceux des femmes. La défense d’intérêts qui seraient proprement masculins passe alors par la résistance au féminisme, perçu comme une idéologie homogène et hégémonique. En somme, le masculinisme pose la question historiquement inédite de la « condition masculine ».”

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Quatrième de couverture :

“Convaincus de vivre dans une société désormais soumise au règne des femmes, des hommes s’emparent aujourd’hui des instruments de la protestation minoritaire pour revendiquer une place qu’ils auraient perdue. Emblématique de ce mouvement, la « Communauté de la séduction » entend réhabiliter la masculinité en façonnant des séducteurs d’exception : des coachs à l’audience grandissante dispensent à des hommes en quête d’accomplissement des techniques de développement personnel réputées pouvoir transformer, selon la hiérarchie d’excellence du groupe, n’importe quel « loser » en « alpha mâle ».

Mélanie Gourarier restitue ici l’ethnographie de cette confrérie d’un nouveau genre. Des forums et sites Internet de la Communauté aux ateliers organisés par ses mentors, en passant par les rues et les bars où ses membres poursuivent leur formation de « terrain », elle interroge la « crise de la masculinité » à laquelle ceux-ci s’emploient à remédier.

Pourquoi l’aptitude à séduire les femmes s’éprouve-t-elle entre hommes ? Quelle masculinité désirable les apprentis séducteurs projettent-ils en se mesurant à l’aune de leur pouvoir de conquête ? À travers l’enquête apparaît un masculinisme inédit, opposé aux femmes comme aux hommes « sans qualités ».”

Contexte :

Structure :

Analyse :

A propos de l’autrice Mélanie Gourarier :

Mélanie Gourarier est historienne de l’art et également titulaire d'un doctorat en anthropologie sociale. En 2012, elle soutient une thèse à l’École des hautes études en sciences sociales (Ehess) de Paris, intitulée Séduire les femmes pour s’apprécier entre hommes. Une ethnographie des sociabilités masculines au sein de la Communauté de la séduction en France. Ses recherches s'orientent principalement sur la question du genre, l’anthropologie de la parenté et de la paternité, les rapports de pouvoir, l’hégémonie et les usages de la génétique et la bioéthique. Dans le cadre du programme ETHOPOL, financé par l’Agence nationale de la recherche de 2015 à 2019 et hébergé à l’Université Toulouse-Jean-Jaurès, elle mène des recherches sur l’encadrement et la communication des tests ADN de paternité afin d'étudier le doute dans les manières de déterminer la filiation. En 2017, elle rejoint le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) comme chargée de recherche. Mélanie Gourarier est enseignante au sein du master Genre, politique et sexualité de l’École des hautes études en sciences sociales, ainsi qu'attachée temporaire d'enseignement et de recherche en sociologie à l’université du Maine. Elle est membre du bureau de l'Association française des anthropologues.

Sources :

Pour aller plus loin :

Mélanie Gourarier, Entretien réalisé par Annie Benveniste, dans Chimères 2017/2 (N° 92), pages 175 à 178